Après la naissance de Joseph, Jacob dit à Laban : Laisse-moi retourner chez moi, dans mon pays. Donne-moi mes femmes – pour lesquelles j’ai travaillé chez toi – et mes enfants, et je m’en irai ; car tu sais bien comment j’ai travaillé pour toi.
Laban lui dit : Si tu veux bien me faire une faveur, reste ici. J’ai appris par divination que c’est à cause de toi que l’Eternel m’a béni. Et il ajouta : Fixe-moi ton salaire, et je te le donnerai.
Jacob lui dit : Tu sais toi-même comment je t’ai servi, et ce que ton cheptel est devenu grâce à moi. Car tu avais bien peu de chose à mon arrivée, mais tes biens se sont considérablement accrus. L’Eternel t’a béni depuis que je suis chez toi. Mais à présent, il est temps que je travaille moi aussi pour ma propre famille.
Laban lui demanda : Que faut-il te donner ?
– Tu n’auras rien à me donner, répondit Jacob. Si tu acceptes ma proposition, je continuerai à paître tes troupeaux et à m’en occuper. Si tu veux, je passerai aujourd’hui tout ton troupeau en revue, je mettrai à part toutes les jeunes bêtes tachetées ou bigarrées : tous les agneaux de couleur foncée, ainsi que toutes les chèvres bigarrées ou tachetées. Ils constitueront mon salaire. Ainsi il te sera facile de contrôler mon honnêteté. Demain, tu viendras inspecter mon salaire : si tu trouves chez moi une chèvre qui ne soit pas tachetée ou bigarrée, ou un agneau qui ne soit pas de couleur foncée, tu pourras les considérer comme volés.
Laban dit : D’accord ! Fais comme tu l’as dit.
Mais le jour même, Laban retira du troupeau les boucs mouchetés ou bigarrés, toutes les chèvres tachetées ou bigarrées, tout ce qui était mêlé de blanc et tous les agneaux de couleur foncée, et il les remit entre les mains de ses fils. Puis il mit une distance de trois journées de marche entre lui et Jacob, lequel continua à s’occuper du reste de ses troupeaux.
Jacob se procura des rameaux verts de peuplier, d’amandier et de platane et en pela l’écorce par endroits, laissant apparaître l’aubier blanc des branches. Il plaça ces rameaux sous les yeux des bêtes dans les auges et les abreuvoirs où elles venaient boire ; celles-ci entraient en chaleur en venant boire. Les bêtes s’accouplaient devant ces rameaux. Lorsqu’elles mettaient bas, leurs petits étaient mouchetés, tachetés ou bigarrés. Jacob sépara les agneaux. Dans le troupeau de Laban, il obtint de plus en plus de bêtes mouchetées et foncées. Il se constitua ainsi des troupeaux à lui, qu’il ne mêla pas à ceux de Laban. Chaque fois que des bêtes vigoureuses s’accouplaient, Jacob plaçait les rameaux sous leurs yeux dans les auges pour qu’elles s’accouplent devant les rameaux. Quand les brebis étaient chétives, il ne les mettait pas. Ainsi les bêtes chétives revenaient à Laban et les robustes à Jacob. De cette manière, ce dernier s’enrichit considérablement, il posséda de nombreux troupeaux, des servantes et des serviteurs, des chameaux et des ânes.