En cela, tu n’as pas raison, ╵laisse-moi te le dire,
car Dieu est bien plus grand que l’homme.
Pourquoi lui fais-tu un procès ?
Il n’a de compte à rendre ╵pour aucun de ses actes.
Et pourtant, Dieu nous parle, ╵tantôt d’une manière
et puis tantôt d’une autre. ╵Mais l’on n’y prend pas garde.
Il parle par des songes ╵et des visions nocturnes,
quand un profond sommeil ╵accable les humains
endormis sur leur couche.
Alors il se révèle ╵à l’oreille des hommes,
scellant les instructions ╵dont il les avertit,
afin d’écarter l’homme ╵de ses agissements,
de le préserver de l’orgueil.
Ainsi, le garde-t-il ╵hors de la tombe,
il le préserve ╵des coups du javelot.
Ou encore, il corrige ╵l’homme par la souffrance ╵qui le tient sur sa couche,
lorsque ses os ╵s’agitent sans arrêt.
Le voilà dégoûté ╵de toute nourriture,
il n’a plus d’appétit ╵pour les mets les plus fins.
La chair sur son corps dépérit, ╵elle ne se laisse plus voir,
et ses os qu’on ne voyait pas ╵sont maintenant saillants.
De la fosse, il s’approche
et sa vie est livrée ╵aux anges de la mort.
Mais s’il se trouve auprès de lui ╵un ange interprète de Dieu,
un parmi les milliers,
pour lui faire savoir ╵quel est le droit chemin,
qui ait pitié de lui ╵et qui demande à Dieu :
« Délivre-le du gouffre, ╵qu’il n’y descende pas,
j’ai trouvé sa rançon »,
alors sa chair retrouve ╵sa fraîcheur juvénile,
et il revient aux jours ╵de sa jeunesse.
Il peut invoquer Dieu, ╵qui lui rend sa faveur,
il se présente à lui ╵avec des cris de joie.
Car Dieu le reconnaît ╵à nouveau comme juste.
Il se met à chanter ╵et, devant tout le monde,
il dit : « J’avais péché ╵et perverti le droit,
et je n’ai pas subi ╵ce que je méritais.
Car Dieu a délivré ╵mon être de la fosse
et il a maintenu ╵ma vie dans la lumière. »
Vois, Dieu fait tout cela
deux fois, trois fois pour l’homme,
pour le détourner de la tombe
et pour l’illuminer ╵de la lumière des vivants.
Sois donc attentif, Job, ╵écoute-moi !
Tais-toi, que je puisse parler.
Toutefois, si tu as ╵quelque chose à répondre, ╵dis-le, réplique-moi,
car je serais heureux ╵de reconnaître ╵ton innocence.
Si tu n’as rien à dire, ╵alors écoute-moi,
tais-toi, ╵et je t’apprendrai la sagesse.