Nombres 22
22
ISRAËL DANS LES PLAINES DE MOAB
22–36
Histoire de Balaam
L'appel du roi Balac
Aux portes du pays promis
(22.1)
Le peuple est maintenant arrivé à l'est du Jourdain. Cette indication géographique se retrouve tout à la fin du livre (36.13). Elle délimite la troisième et dernière partie des Nombres (22.1–36.13). La première partie se situait au Sinaï avant le départ (1.1–10.10). La seconde va du Sinaï aux steppes de Moab (10.10–21.35).
La troisième partie comporte essentiellement les ordres donnés par Dieu en vue de l'entrée en Canaan, et d'abord le recensement de la nouvelle génération (26.3, 63) qui n'a pas connu les révoltes du séjour au désert. Avec Balaam, un personnage non-israélite, elle commence par rappeler le choix de Dieu en faveur d'Israël.
1Une nouvelle étape conduisit les Israélites dans les plaines de Moab, sur la rive orientale du Jourdain, en face de Jéricho. 2-4Balac, fils de Sippor, qui était roi de Moab à cette époque, apprit comment les Israélites avaient traité les Amorites. Le roi et tout son peuple se mirent à trembler de terreur à l'idée que les Israélites arrivaient en si grand nombre. Alors les Moabites dirent aux notables madianites : « Cette multitude est sur le point de tout ravager autour de nous, comme des bœufs qui broutent toute l'herbe d'un pré. »
Le politique appelle le religieux à la rescousse
(22.2-6)
Le roi Balac, effrayé par la menace d'invasion, fait appel à Balaam en tant que devin renommé pour la puissance efficace de ses incantations, bonnes ou mauvaises. Mais Balaam est aussi un « voyant » ayant accès aux révélations divines. Ce personnage est à multiples facettes, comme sa provenance. On peut aussi bien lire le v. 5 : « Balaam, fils de Béor, l'interprète, sur le fleuve au pays des fils de son peuple » (certains manuscrits et versions anciennes ont même : au pays des Ammonites). « Le fleuve » désigne souvent l'Euphrate mais peut aussi désigner le Yabboc, affluent du Jourdain. C'est de là que Balaam viendrait, comme le suggèrent 31.8 et des inscriptions découvertes en 1967 près du Yabboc, à Deir ‘Allah en Jordanie. Elles datent de la fin du 8e siècle avant J.-C. Ces textes rapportent des visions de « Balaam, fils de Béor, l'homme qui voyait les dieux », et attestent sa renommée dans cette région.
5Le roi envoya une délégation à Balaam, fils de Béor, qui habitait Petor sur l'Euphrate, dans le pays des Ammavites#22.5 Balaam: voir Deut 23.5-6 ; Jos 24.9-10 ; Mich 6.5 ; 2 Pi 2.15-16 ; Jude 11. – Petor: localité non identifiée, probablement dans le nord de la Syrie actuelle. – des Ammavites: lecture probable ; hébreu de son peuple.. Il lui adressait ce message : « Il y a ici un peuple venu d'Égypte, qui couvre toute la surface du pays. Il s'est installé non loin de chez moi. 6Viens donc à mon aide, je t'en prie, et maudis-le, car il est plus puissant que mon propre peuple. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le vaincre et le chasser de la région. Je sais en effet que les bénédictions et les malédictions que tu prononces sont efficaces. » 7Les messagers, des notables moabites et madianites, emportèrent de quoi payer le devin Balaam et se rendirent chez lui. Ils lui transmirent la requête de Balac. 8Balaam leur dit : « Passez la nuit ici. Demain je vous donnerai la réponse que le Seigneur m'aura communiquée. »
Prophète obéissant ou sorcier malfaisant ?
(22.7-35)
D'après les v. 8-21, 26-40 et les chap. 23–24, Balaam est un sage, soumis au Seigneur qui lui révèle sa volonté et l'envoie bénir Israël (v. 20). Or, les v. 22-35 le montrent obtus, brutal, et décidé à suivre les envoyés de Balac, ce qui lui attire la colère de Dieu (v. 22). Balaam vit une contradiction profonde entre la promesse faite à Balac et ce qu'il découvre de la volonté de Dieu dans les différentes révélations. Ses réponses aux requêtes de Balac et de ses envoyés (v. 13, 18-19, 38) ne disent jamais le fond de la vérité, à savoir qu'il ne peut pas maudire Israël. En s'opposant à lui, Dieu vient lui rappeler qu'il part pour le servir lui, et non pour assouvir sa cupidité (comparer 2 Pi 2.15 ; Jude 11 ; Apoc 2.14). Le récit de l'ânesse contient une allusion comique : dans la science divinatoire de Mésopotamie, on interprétait les écarts d'animaux de trait comme des présages. Ici, le voyant ne voit rien, et c'est par un animal que Dieu lui ouvrira les yeux… La vérité ne peut être que révélée, aucune technique magique ou religieuse ne permet à l'homme d'y avoir accès, et encore moins d'imposer à Dieu une volonté humaine.
Les chefs de Moab demeurèrent donc chez Balaam. 9Alors Dieu vint demander à Balaam : « Qui sont ces gens que tu as reçus chez toi ? » 10Balaam lui répondit : « Balac, fils de Sippor et roi de Moab, a envoyé ces hommes me dire : 11“Le peuple qui a quitté l'Égypte couvre toute la surface du pays. Viens donc à mon aide, je te prie, et maudis-le. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le combattre et le chasser.” » – 12« Tu n'iras pas avec eux ! lui dit Dieu. Tu ne maudiras pas ce peuple, car je l'ai béni. »
13Le lendemain, dès qu'il fut debout, Balaam dit aux notables envoyés par Balac : « Retournez dans votre pays. Le Seigneur m'interdit de partir avec vous. »
14Les notables moabites revinrent dire à Balac que Balaam avait refusé de les accompagner. 15Balac envoya une nouvelle délégation, composée de chefs plus nombreux et plus importants que la première fois. 16Ils allèrent transmettre à Balaam cette requête de Balac : « Moi, Balac, fils de Sippor, je t'en supplie, ne refuse pas de venir chez moi. 17Je te comblerai d'honneurs, je ferai tout ce que tu me demanderas ! Viens donc à mon aide et maudis ce peuple. » 18Mais Balaam répondit aux envoyés de Balac : « Même si Balac me donnait tout l'argent et l'or dont son palais est plein, je ne pourrais en rien désobéir aux ordres du Seigneur mon Dieu. 19Pourtant, restez ici cette nuit, vous aussi, et je saurai ce que le Seigneur veut encore me communiquer. » 20Durant la nuit, Dieu vint dire à Balaam : « Si ces hommes sont venus t'inviter à les accompagner, pars avec eux. Cependant tu devras faire uniquement ce que je t'indiquerai. » 21Au matin, Balaam sella son ânesse et partit avec les chefs moabites.
L'ânesse de Balaam
22Le départ de Balaam provoqua la colère de Dieu. Tandis que Balaam cheminait, monté sur son ânesse et accompagné de deux serviteurs, anges du Seigneur alla se placer sur la route pour lui barrer le passage. 23L'ânesse vit l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée ; elle s'en écarta et passa à travers champs. Balaam la battit pour la ramener sur le chemin. 24L'ange alla se poster plus loin dans un chemin encaissé, qui traversait des vignes entre deux murs. 25L'ânesse le vit, elle se serra contre le mur et y meurtrit le pied de Balaam. Celui-ci se remit à la battre. 26Une fois encore l'ange les devança ; il se posta dans un endroit si resserré qu'il n'y avait moyen de passer ni à sa droite ni à sa gauche. 27Lorsque l'ânesse le vit, elle se coucha sous son maître. Balaam se mit en colère et la roua de coups de bâton.
28Alors le Seigneur donna à l'ânesse la possibilité de parler, et elle dit à Balaam : « Que t'ai-je fait, pour que tu me battes à trois reprises ? » – 29« Tu t'es moquée de moi ! lui répondit-il. Si j'avais une épée sur moi, je t'aurais déjà tuée ! » – 30« Pourtant je suis ton ânesse, celle que tu as toujours montée ! reprit-elle. Ai-je l'habitude de me comporter ainsi avec toi ? » – « Non ! » reconnut-il.
31A cet instant, le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam, et celui-ci aperçut l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée. Aussitôt il se jeta le visage contre terre. 32L'ange lui demanda : « Pourquoi as-tu battu ton ânesse à trois reprises ? Je suis venu pour te barrer le passage, car je pense que ce voyage te mène à ta perte#22.32 car… à ta perte: texte hébreu obscur et traduction incertaine.. 33L'ânesse m'a vu, et à trois reprises elle s'est écartée de moi. Si elle ne l'avait pas fait, je t'aurais tué, mais elle, je l'aurais laissée en vie. » 34Balaam dit à l'ange : « J'ai commis une faute ! J'ignorais que tu te tenais devant moi sur la route. Mais maintenant, si ce voyage te déplaît, je suis prêt à rentrer chez moi. » – 35« Non ! répondit l'ange. Accompagne ces gens. Mais tu prononceras uniquement les paroles que je t'indiquerai. » Alors Balaam continua la route avec les envoyés de Balac.
Rencontre de Balaam et Balac
36Lorsque Balac apprit que Balaam arrivait, il alla à sa rencontre jusqu'à Ar en Moab, qui se trouve tout près de la frontière du pays, sur le cours de l'Arnon#22.36 Ar en Moab ou la ville moabite (Comparer 21.15, 28).. 37Balac lui demanda : « Pourquoi n'as-tu pas accepté de venir la première fois que j'ai envoyé une délégation pour t'inviter ? Pensais-tu que je ne pourrais pas te combler d'honneurs ? » – 38« Eh bien, me voici ! répondit Balaam. Mais que pourrais-je dire ? Je suis autorisé à prononcer uniquement les messages que Dieu placera dans ma bouche. » 39Balaam partit avec Balac et ils se rendirent à Quiriath-Houssoth. 40Balac offrit des bœufs et des moutons en sacrifices et en remit des parts à Balaam et aux chefs qui l'accompagnaient.
Balaam bénit le peuple d'Israël
Un nouveau regard
(22.41–24.11)
Dans ce passage, le thème de l'image croise celui de la parole. Pour Balac, le pouvoir de Balaam passe par l'acte du regard : il lui faut voir Israël pour lui faire du mal (23.13). Mais le regard de Balaam est désormais en accord avec celui que Dieu porte sur Israël. Il discerne les promesses qui font d'Israël un peuple à part. L'œil de Balaam « écoute » la Parole que Dieu lui révèle (23.9-10 ; 24.2-3, 15, 17). Dans les bénédictions de Balaam, le rythme poétique ne cherche plus l'efficacité magique. La poésie se fait célébration, louange, attestation de la bénédiction divine. Le devin est devenu prophète, celui qui attend que Dieu parle.
Premier oracle
(22.41–23.12)
Toute prophétie consiste à prononcer la parole reçue du Seigneur. Aussi était-il futile d'exercer l'art de la divination contre le peuple de Dieu. Même le voyant païen était complètement entre les mains de Dieu et ne pouvait prononcer que ce que Dieu lui permettait de dire. L'histoire de Balaam atteint ici son sommet. Maintenant la face cachée de tous ces étranges événements apparaît clairement. La parole prophétique dévoile la volonté de Dieu souvent cachée aux yeux humains. La bénédiction de Dieu est plus forte que toutes les malédictions.
Au fil de son histoire souvent tumultueuse, Israël a pris conscience de sa destinée spécifique sous la direction de Dieu, une destinée différente de celle des autres nations, tout comme le Seigneur est différent de leurs dieux. Le peuple de l'alliance doit porter le fardeau de cette singularité, qui lui sera souvent reprochée. Au cours de l'histoire, la singularité du peuple juif a été caricaturée pour servir de prétexte à la persécution.
41Le lendemain matin, Balac monta avec Balaam à Bamoth-Baal#22.41 Bamoth-Baal: peut-être le même endroit que Bamoth de 21.19., d'où l'on voyait une partie du peuple d'Israël.
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Nombres 22: BEX2004
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Société biblique française – Bibli'O, 2004
Nombres 22
22
ISRAËL DANS LES PLAINES DE MOAB
22–36
Histoire de Balaam
L'appel du roi Balac
Aux portes du pays promis
(22.1)
Le peuple est maintenant arrivé à l'est du Jourdain. Cette indication géographique se retrouve tout à la fin du livre (36.13). Elle délimite la troisième et dernière partie des Nombres (22.1–36.13). La première partie se situait au Sinaï avant le départ (1.1–10.10). La seconde va du Sinaï aux steppes de Moab (10.10–21.35).
La troisième partie comporte essentiellement les ordres donnés par Dieu en vue de l'entrée en Canaan, et d'abord le recensement de la nouvelle génération (26.3, 63) qui n'a pas connu les révoltes du séjour au désert. Avec Balaam, un personnage non-israélite, elle commence par rappeler le choix de Dieu en faveur d'Israël.
1Une nouvelle étape conduisit les Israélites dans les plaines de Moab, sur la rive orientale du Jourdain, en face de Jéricho. 2-4Balac, fils de Sippor, qui était roi de Moab à cette époque, apprit comment les Israélites avaient traité les Amorites. Le roi et tout son peuple se mirent à trembler de terreur à l'idée que les Israélites arrivaient en si grand nombre. Alors les Moabites dirent aux notables madianites : « Cette multitude est sur le point de tout ravager autour de nous, comme des bœufs qui broutent toute l'herbe d'un pré. »
Le politique appelle le religieux à la rescousse
(22.2-6)
Le roi Balac, effrayé par la menace d'invasion, fait appel à Balaam en tant que devin renommé pour la puissance efficace de ses incantations, bonnes ou mauvaises. Mais Balaam est aussi un « voyant » ayant accès aux révélations divines. Ce personnage est à multiples facettes, comme sa provenance. On peut aussi bien lire le v. 5 : « Balaam, fils de Béor, l'interprète, sur le fleuve au pays des fils de son peuple » (certains manuscrits et versions anciennes ont même : au pays des Ammonites). « Le fleuve » désigne souvent l'Euphrate mais peut aussi désigner le Yabboc, affluent du Jourdain. C'est de là que Balaam viendrait, comme le suggèrent 31.8 et des inscriptions découvertes en 1967 près du Yabboc, à Deir ‘Allah en Jordanie. Elles datent de la fin du 8e siècle avant J.-C. Ces textes rapportent des visions de « Balaam, fils de Béor, l'homme qui voyait les dieux », et attestent sa renommée dans cette région.
5Le roi envoya une délégation à Balaam, fils de Béor, qui habitait Petor sur l'Euphrate, dans le pays des Ammavites#22.5 Balaam: voir Deut 23.5-6 ; Jos 24.9-10 ; Mich 6.5 ; 2 Pi 2.15-16 ; Jude 11. – Petor: localité non identifiée, probablement dans le nord de la Syrie actuelle. – des Ammavites: lecture probable ; hébreu de son peuple.. Il lui adressait ce message : « Il y a ici un peuple venu d'Égypte, qui couvre toute la surface du pays. Il s'est installé non loin de chez moi. 6Viens donc à mon aide, je t'en prie, et maudis-le, car il est plus puissant que mon propre peuple. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le vaincre et le chasser de la région. Je sais en effet que les bénédictions et les malédictions que tu prononces sont efficaces. » 7Les messagers, des notables moabites et madianites, emportèrent de quoi payer le devin Balaam et se rendirent chez lui. Ils lui transmirent la requête de Balac. 8Balaam leur dit : « Passez la nuit ici. Demain je vous donnerai la réponse que le Seigneur m'aura communiquée. »
Prophète obéissant ou sorcier malfaisant ?
(22.7-35)
D'après les v. 8-21, 26-40 et les chap. 23–24, Balaam est un sage, soumis au Seigneur qui lui révèle sa volonté et l'envoie bénir Israël (v. 20). Or, les v. 22-35 le montrent obtus, brutal, et décidé à suivre les envoyés de Balac, ce qui lui attire la colère de Dieu (v. 22). Balaam vit une contradiction profonde entre la promesse faite à Balac et ce qu'il découvre de la volonté de Dieu dans les différentes révélations. Ses réponses aux requêtes de Balac et de ses envoyés (v. 13, 18-19, 38) ne disent jamais le fond de la vérité, à savoir qu'il ne peut pas maudire Israël. En s'opposant à lui, Dieu vient lui rappeler qu'il part pour le servir lui, et non pour assouvir sa cupidité (comparer 2 Pi 2.15 ; Jude 11 ; Apoc 2.14). Le récit de l'ânesse contient une allusion comique : dans la science divinatoire de Mésopotamie, on interprétait les écarts d'animaux de trait comme des présages. Ici, le voyant ne voit rien, et c'est par un animal que Dieu lui ouvrira les yeux… La vérité ne peut être que révélée, aucune technique magique ou religieuse ne permet à l'homme d'y avoir accès, et encore moins d'imposer à Dieu une volonté humaine.
Les chefs de Moab demeurèrent donc chez Balaam. 9Alors Dieu vint demander à Balaam : « Qui sont ces gens que tu as reçus chez toi ? » 10Balaam lui répondit : « Balac, fils de Sippor et roi de Moab, a envoyé ces hommes me dire : 11“Le peuple qui a quitté l'Égypte couvre toute la surface du pays. Viens donc à mon aide, je te prie, et maudis-le. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le combattre et le chasser.” » – 12« Tu n'iras pas avec eux ! lui dit Dieu. Tu ne maudiras pas ce peuple, car je l'ai béni. »
13Le lendemain, dès qu'il fut debout, Balaam dit aux notables envoyés par Balac : « Retournez dans votre pays. Le Seigneur m'interdit de partir avec vous. »
14Les notables moabites revinrent dire à Balac que Balaam avait refusé de les accompagner. 15Balac envoya une nouvelle délégation, composée de chefs plus nombreux et plus importants que la première fois. 16Ils allèrent transmettre à Balaam cette requête de Balac : « Moi, Balac, fils de Sippor, je t'en supplie, ne refuse pas de venir chez moi. 17Je te comblerai d'honneurs, je ferai tout ce que tu me demanderas ! Viens donc à mon aide et maudis ce peuple. » 18Mais Balaam répondit aux envoyés de Balac : « Même si Balac me donnait tout l'argent et l'or dont son palais est plein, je ne pourrais en rien désobéir aux ordres du Seigneur mon Dieu. 19Pourtant, restez ici cette nuit, vous aussi, et je saurai ce que le Seigneur veut encore me communiquer. » 20Durant la nuit, Dieu vint dire à Balaam : « Si ces hommes sont venus t'inviter à les accompagner, pars avec eux. Cependant tu devras faire uniquement ce que je t'indiquerai. » 21Au matin, Balaam sella son ânesse et partit avec les chefs moabites.
L'ânesse de Balaam
22Le départ de Balaam provoqua la colère de Dieu. Tandis que Balaam cheminait, monté sur son ânesse et accompagné de deux serviteurs, anges du Seigneur alla se placer sur la route pour lui barrer le passage. 23L'ânesse vit l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée ; elle s'en écarta et passa à travers champs. Balaam la battit pour la ramener sur le chemin. 24L'ange alla se poster plus loin dans un chemin encaissé, qui traversait des vignes entre deux murs. 25L'ânesse le vit, elle se serra contre le mur et y meurtrit le pied de Balaam. Celui-ci se remit à la battre. 26Une fois encore l'ange les devança ; il se posta dans un endroit si resserré qu'il n'y avait moyen de passer ni à sa droite ni à sa gauche. 27Lorsque l'ânesse le vit, elle se coucha sous son maître. Balaam se mit en colère et la roua de coups de bâton.
28Alors le Seigneur donna à l'ânesse la possibilité de parler, et elle dit à Balaam : « Que t'ai-je fait, pour que tu me battes à trois reprises ? » – 29« Tu t'es moquée de moi ! lui répondit-il. Si j'avais une épée sur moi, je t'aurais déjà tuée ! » – 30« Pourtant je suis ton ânesse, celle que tu as toujours montée ! reprit-elle. Ai-je l'habitude de me comporter ainsi avec toi ? » – « Non ! » reconnut-il.
31A cet instant, le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam, et celui-ci aperçut l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée. Aussitôt il se jeta le visage contre terre. 32L'ange lui demanda : « Pourquoi as-tu battu ton ânesse à trois reprises ? Je suis venu pour te barrer le passage, car je pense que ce voyage te mène à ta perte#22.32 car… à ta perte: texte hébreu obscur et traduction incertaine.. 33L'ânesse m'a vu, et à trois reprises elle s'est écartée de moi. Si elle ne l'avait pas fait, je t'aurais tué, mais elle, je l'aurais laissée en vie. » 34Balaam dit à l'ange : « J'ai commis une faute ! J'ignorais que tu te tenais devant moi sur la route. Mais maintenant, si ce voyage te déplaît, je suis prêt à rentrer chez moi. » – 35« Non ! répondit l'ange. Accompagne ces gens. Mais tu prononceras uniquement les paroles que je t'indiquerai. » Alors Balaam continua la route avec les envoyés de Balac.
Rencontre de Balaam et Balac
36Lorsque Balac apprit que Balaam arrivait, il alla à sa rencontre jusqu'à Ar en Moab, qui se trouve tout près de la frontière du pays, sur le cours de l'Arnon#22.36 Ar en Moab ou la ville moabite (Comparer 21.15, 28).. 37Balac lui demanda : « Pourquoi n'as-tu pas accepté de venir la première fois que j'ai envoyé une délégation pour t'inviter ? Pensais-tu que je ne pourrais pas te combler d'honneurs ? » – 38« Eh bien, me voici ! répondit Balaam. Mais que pourrais-je dire ? Je suis autorisé à prononcer uniquement les messages que Dieu placera dans ma bouche. » 39Balaam partit avec Balac et ils se rendirent à Quiriath-Houssoth. 40Balac offrit des bœufs et des moutons en sacrifices et en remit des parts à Balaam et aux chefs qui l'accompagnaient.
Balaam bénit le peuple d'Israël
Un nouveau regard
(22.41–24.11)
Dans ce passage, le thème de l'image croise celui de la parole. Pour Balac, le pouvoir de Balaam passe par l'acte du regard : il lui faut voir Israël pour lui faire du mal (23.13). Mais le regard de Balaam est désormais en accord avec celui que Dieu porte sur Israël. Il discerne les promesses qui font d'Israël un peuple à part. L'œil de Balaam « écoute » la Parole que Dieu lui révèle (23.9-10 ; 24.2-3, 15, 17). Dans les bénédictions de Balaam, le rythme poétique ne cherche plus l'efficacité magique. La poésie se fait célébration, louange, attestation de la bénédiction divine. Le devin est devenu prophète, celui qui attend que Dieu parle.
Premier oracle
(22.41–23.12)
Toute prophétie consiste à prononcer la parole reçue du Seigneur. Aussi était-il futile d'exercer l'art de la divination contre le peuple de Dieu. Même le voyant païen était complètement entre les mains de Dieu et ne pouvait prononcer que ce que Dieu lui permettait de dire. L'histoire de Balaam atteint ici son sommet. Maintenant la face cachée de tous ces étranges événements apparaît clairement. La parole prophétique dévoile la volonté de Dieu souvent cachée aux yeux humains. La bénédiction de Dieu est plus forte que toutes les malédictions.
Au fil de son histoire souvent tumultueuse, Israël a pris conscience de sa destinée spécifique sous la direction de Dieu, une destinée différente de celle des autres nations, tout comme le Seigneur est différent de leurs dieux. Le peuple de l'alliance doit porter le fardeau de cette singularité, qui lui sera souvent reprochée. Au cours de l'histoire, la singularité du peuple juif a été caricaturée pour servir de prétexte à la persécution.
41Le lendemain matin, Balac monta avec Balaam à Bamoth-Baal#22.41 Bamoth-Baal: peut-être le même endroit que Bamoth de 21.19., d'où l'on voyait une partie du peuple d'Israël.
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