Je te répondrai qu’en cela tu n’as pas raison,
Car Dieu est plus grand que l’homme.
Veux-tu donc disputer avec lui,
Parce qu’il ne rend aucun compte de ses actes?
Dieu parle cependant, tantôt d’une manière,
Tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde.
Il parle par des songes, par des visions nocturnes,
Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil,
Quand ils sont endormis sur leur couche.
Alors il leur donne des avertissements
Et met le sceau à ses instructions,
Afin de détourner l’homme du mal
Et de le préserver de l’orgueil,
Afin de garantir son âme de la fosse
Et sa vie des coups du glaive.
Par la douleur aussi l’homme est repris sur sa couche,
Quand une lutte continue vient agiter ses os.
Alors il prend en dégoût le pain,
Même les aliments les plus exquis;
Sa chair se consume et disparaît,
Ses os qu’on ne voyait pas sont mis à nu;
Son âme s’approche de la fosse,
Et sa vie des messagers de la mort.
Mais s’il se trouve pour lui un ange intercesseur,
Un d’entre les mille
Qui annoncent à l’homme la voie qu’il doit suivre,
Dieu a compassion de lui et dit à l’ange:
Délivre-le, afin qu’il ne descende pas dans la fosse;
J’ai trouvé une rançon!
Et sa chair a plus de fraîcheur qu’au premier âge,
Il revient aux jours de sa jeunesse.
Il adresse à Dieu sa prière; et Dieu lui est propice,
Lui laisse voir sa face avec joie,
Et lui rend son innocence.
Il chante devant les hommes et dit:
J’ai péché, j’ai violé la justice,
Et je n’ai pas été puni comme je le méritais;
Dieu a délivré mon âme pour qu’elle n’entrât pas dans la fosse,
Et ma vie s’épanouit à la lumière!
Voilà tout ce que Dieu fait,
Deux fois, trois fois, avec l’homme,
Pour ramener son âme de la fosse,
Pour l’éclairer de la lumière des vivants.
Sois attentif, Job, écoute-moi!
Tais-toi, et je parlerai!
Si tu as quelque chose à dire, réponds-moi!
Parle, car je voudrais te donner raison.
Si tu n’as rien à dire, écoute-moi!
Tais-toi, et je t’enseignerai la sagesse.