Aimer son prochain ? Mission possible !Exemple

Quand on parle d'amour du prochain dans la Bible, on pense souvent spontanément à la parabole du Bon Samaritain.

Le début du texte reprend le "sommaire de la loi" dont nous avons déjà parlé (Luc 10.27). Mais maintenant, il va s'agir de se demander comment les choses doivent prendre forme dans notre vie quotidienne. Aimer Dieu et aimer son prochain, cela peut sembler être un très beau programme mais concrètement de quoi s'agit-il ? Et d'abord qui est mon prochain (cf. Luc 10.29) ?

Le texte nous dit que le docteur de la loi qui avait posé la question voulait se "justifier" (Luc 10.29). Il s'était pris lui-même au piège en disant que la loi commandait d'aimer Dieu et son prochain et avait peur que la barre soit maintenant placée beaucoup trop haut. En demandant "Et qui est mon prochain ?", il voulait recevoir une liste - pas trop longue et pas trop exigeante - qui lui permette de penser que c'était "mission possible" avec les ressources dont il disposait pour aimer.

L'histoire que Jésus raconte en réponse est à la fois très dérangeante et très belle. Elle parle d'un être humain dans le besoin. Il est désigné d'une manière très, très vague : "un certain homme" (Luc 10.30 traduit littéralement). Il n'a rien pour attirer : on ne le connaît pas, on ne sait même pas s'il est encore vivant. Toucher un cadavre rendait impur d'après la loi de Moïse (cf. Nombres 19.11) et de toute façon ce n'est pas facile de prendre soin d'un blessé - en plus dans une zone dangereuse : qui sait si les brigands ne sont pas encore à proximité, prêts à faire du mal à nouveau ?

L'histoire parle aussi d'un Samaritain. Lui non plus n'a rien pour attirer. Pour les premiers auditeurs de Jésus, il représente un ennemi - "Les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains." (Jean 4.9 NVS78P) Si on avait demandé son avis au blessé, il aurait peut-être préféré mourir que de dépendre ainsi du secours d'un Samaritain !

Pourtant quelque chose se passe : le Samaritain a compassion (Luc 10.33). Il est touché au fond de lui-même, de ses "entrailles". Cet homme lambda qui est blessé le long du chemin, qui se trouve dans la détresse, devient quelqu'un qui compte pour lui et il accepte de s'en approcher (Luc 10.34). Aimer son prochain, ce n'est pas d'abord accomplir son devoir envers les personnes qui sont sur une liste prédéfinie : c'est être un prochain pour celui que Dieu place sur notre chemin - notamment s'il est dans la souffrance ou qu'il ne nous attire pas spontanément.

Pour réfléchir et mettre en pratique

Jésus a été pour nous le Bon Samaritain. Il s'est fait notre prochain, il s'est fait pauvre de riche qu'il était afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis (2 Corinthiens 8.9). En prenant en compte ce qu'il a fait pour nous nous pouvons écouter la conclusion de la parabole : "Va, et toi, fais de même." (Luc 10.37 NVS78P). A ce moment-là le commandement de l'amour du prochain devient une "mission possible". Comment cela peut-il se manifester à l'égard de personnes qui ne nous attirent pas spontanément comme celles qui sont dans la détresse ou marginalisées socialement ?